Hambullah el-Müstevfi (vers 1340)
Hamdullah b. Ebubekr el-Mustevfi, né de parent d’origine arabe, à Qazvin puis mort après 1340 dans la même province, n'a jamais voyagé à Istanbul. Cet écrivain qui s’intéresse à la cosmographie et a la géographie, à achevé son ouvrage en persan, intutulé Nezhehetü’l Kulub en 1339-1340. El-Müstevfi précise dans son ouvrage qui est une compilation d'informations figurant dans d'autres ressources, que lorsque Mesleme, fils du Calife Omeyyade Abdulmelik et frère de Suleyman, le Calife succédant, a conquis la ville, il a fait construire des bâtiments et ajoute que certains existaient encore. . Istanbul a été envahie sous le commandement de Mesleme (mort en 737-8 ou 740-1) en 715-717. El-Müstevfi, ne donne aucune autre information sur ces bâtiments.
Dans le livre, il y d’autres explications sur Istanbul : « Byzantion la ville principale des francs, est maintenant appelée Constantinople. Cette ville a été fondée par Constantin, le deuxième empereur romain. Cette ville est également appelée Istanbul… Selon Ibn Hurdatbin, la ville se trouve sur une péninsule. Elle est entourée sur les trois cotés, à l'Est, à l'Ouest et au Sud par la mer Grecque. Elle est reliée aux terres principales au Nord. Elle mesure de l'Est à l'Ouest 6 lieues. La ville possède des murs à double remparts. Le rempart inferieur mesure 72 aunes de haut et 12 aunes de large puis est composé de 1225 tours. Il y a sur chacune de ces tours des moines (?)de garde. Le rempart extérieur mesure 42 aunes de haut et 8 aunes de large. Et entre ces deux murs, il y a un terrain de 60 aunes de large.
El-Müstevfi, transmet cette information donnée par Ibn Hurdatbih (environ 890-912), écrivain iranien du IX-X siècle, d’une façon exagérée lorsqu'il parle des murs du rempart. Si il n’y pas de fautes de traduction ou si tout a bien été compris, on peut également dire, concernant la garde des moines, qu’ils étaient parfois hébergés dans les tours des remparts. Ainsi que les fresques religieuses qui se trouvent sur certains murs de bastions peuvent être une preuve à ce sujet.
El-Müstevfi ajoute qu’il y a une église dans la ville appelée Petros et Pavlos. Sa longueur est de 300 aunes et sa largeur de 200 aunes.
Sa hauteur est de 100 aunes. Son toit est couvert en laiton. Les murs avant à l'intérieur de l'église sont également couverts en laiton (?). Il y a dans la ville, une autre église dénommée la Maison Sacrée avec un autel. Près de cet autel, se trouve un trône de pierre verte comme une émeraude. Ce trône est de 24 aunes de long et 6 aunes de large puis est juxtaposé au mur avant du sanctuaire. On trouve sur le même mur des figures représentants Jésus, la Sainte Vierge et des 12 apôtres. Chaque figue est en or vierge et mesure deux aunes et demie de long. Les yeux de ces figures sont de rubis. Cette église a 28 portes en or. Environ Mille kantar (balance utilisée pendant l’empire ottoman de 56,5 kg) de laiton, de bronze et ainsi que de l’ivoire, de l’ébène, du bois de teck et encore bien d’autre matériaux ont été utilisés pour sa construction. La ville est composée de plusieurs maisons, de plus de quatre mille hammams (!) et églises.
El-Müstevfi ne va pas plus loin que les renseignements qu’il ramasse d’après les livres des écrivains plus anciens et ne communique aucune information plus précise à propos de la ville. Il parle d’une église -il s’agit sans doute de la Sainte Sophie- d'une façon exagérée. Il ne parle seulement qu’à propos des beautés des anciens byzantins. Ce texte que l’on essaye de transférer ici, est basé sur le texte traduit en Anglais, de Guy Le Strange. Pour avoir des informations beaucoup plus précises, il faudrait traduire cette partie d’après le texte en persan.
Siraceddin Ebu Hafs Omar Ibn el-Verdi (vers 1450)
Comme il le semble, Siraceddin Ibn el-Verdi, n’est jamais venu à Istanbul. Son ouvrage de géographie et cosmographie est une compilation d’informations figurant dans les autres livres d’écrivains plus anciens. Il a commencé à l'écrire vers le milieu du XVème siècle, pendant les années de conquête. Comme nous l’informe F. Taeschner, ce livre intitulé Haridat el-Acaib et Faridat al-Garaib, a été traduit plusieurs fois en turc. Vu que la traduction faite par Ali b. Abdurrahman comprend des distinctions par rapport au texte original, il est préférable de prendre celui ci en considération. La traduction intitulée Acaibul’l Mahlukat d’Ali b. Abdurrahman, a une similarité avec l'ouvrage du même nom, de Kazvini. Une copie de cette traduction copiée en 1687-88 se trouve dans la bibliothèque de l’Université d’Istanbul entre les manuscrits (no : 2397). Taeschner affirme que la traduction a été faite avant la conquête d’Istanbul, à Bursa.
Il présente Constantinople comme « la ville la plus célèbre des romains» et dit qu’elle est en forme de triangle, qu'elle est entourée sur deux cotés par la mer et qu'elle est liée à la terre sur un coté puis ajoute que sur ce coté, il y a la Porte en Or appelée Bab ez Zeheb. Selon el-Verdi, les remparts qui entourent la ville mesurent 9 miles de long. Les murs sont de 21 aunes de haut. Il y a un rempart avant devant ces murs, mesurant dix aunes. Ces remparts sont composés de plus de cent portes. La plus célèbre est celle de Babu'l Musanemat.
Dans la ville il y a un palais qui est l’une des plus belles merveilles du monde. Juxtaposé à celle-ci, il y a un endroit qui s’appelle Babidun. D’après la date mentionnée plus loin, on peut comprendre qu’il s’agit de l’hippodrome. Il y a dans ce lieu qui est en quelque sorte une cour avant pour le Grand Palais, de magnifiques figures humaines, des figures de cheval, d’éléphants et de différents animaux sauvages en bronze, édifiées sur deux rangs. Les dimensions de ces figurent excédent les dimensions normales.
Ibn el-Verdi continue a donné des informations qui sont incohérentes avec la réalité. Il explique qu’il y a beaucoup d’autres œuvres remarquables comme ceux-ci autour du palais. Il ajoute qu’il y a dans la ville un monument en fer et plomb qu'il dénomme manara (c'est à dire minaret), que ce monument s’incline selon le sens du vent et qu’il a vu se pulvériser, les briques que la population mettaient sur le piédestal où se trouve celui-ci.
Selon el-Verdi, il y a un autre monument qui est complètement édifié en bronze et en une pièce intégrale. L’écrivain arabe parle également d'un autre manara situé près de l'hôpital et recouvert de bronze jaune comme de l’or. Et sur celui-ci se trouve la tombe de Constantinus, fondateur de Constantinople. Sur la tombe, il y a une gravure en bronze qui représente Constantinus sur un cheval. Les pattes du cheval sont bien fixées sur le piédestal avec du plomb. Mais la patte droite du cheval est soulevée. Sa main droite qui indique le sens du Hajj est ouverte. Il tient un globe de sa main gauche. Il est possible de voir ce monument depuis la mer, à un jour de route et de la terre à un demi-jour de route. On suppose que le globe que l’empereur tient dans sa main droite est un talisman qui protège cet endroit. Sur le globe il y a écrit en grec « j’ai dominé le monde comme ce globe que je tiens dans la main; mais maintenant je le quitte sans rien emmener avec moi ».
Selon el-Verdi, la ville possède un autre "minaret" en marbre blanc, situé dans une place. Son tronc est recouvert de haut en bas par des figures en relief. La balustrade située sur le haut, est en bronze intégrale. C’est également un talisman. On a une vue panoramique sur toute la ville à partir du sommet de ce monument.
Après une brève description d’Istanbul, l’écrivain arabe parle d’un « gantara ». Selon son opinion, il est impossible de décrire ce très long « pont » qui l’une des merveilles du monde, sans exagérer. El-Verdi termine sa description en disant : « Il y a beaucoup d'autres merveilles indéfinissables dans cette ville».
NOTES :
1-Haçlı seferi ile gelen batılıların gördükleri İstanbul, Dünya Kenti İstanbul (Istanbul raconté par les occidentaux, venus par les croisades, Istanbul Ville Mondial) Istanbul 1996, page :12-21 (en turc et anglais)
2- A. A. Vasiliev, "Haroun-ibn-Yahya and Description of Constantinople", Seminarium Kontakovianum, V. (Prag 1932), page. 154-162; G. Ostrogorsky, Zum Reisebericht des Haroun-ibn-Jahja".magasine mensuel, V, (1932), page:. 254 vd.; M. İzeddin, "Un prisonner Arabe a Byzance au IX e siecle: Haroun-ibn-Yahya," Revue des Etudes Islamiques, 1941-1946 (edition 1947),page:. 41-62. voir également J.P.A. van de Vrin, Travellers to Greece and Constantinople, İstanbul 1980, II, page: 487-494.
3- Maçoudi-Les Prairies d'Or, (publication et traduction Barbier de Meynard - Pavet de Courteille), Paris 1861, I, page: 261 et II, page 311, 317–320; pour sa biographie voir C. Brockelmann, Encyclopédie Islamique, VIII, page 144–145; Van de Vrin, Travellers, II, page 500.
4- Ch. Schefer, "Indications Sur Les Lieux de Pelerinage Archives de L'orient Latin, I (1881) page: 587-609;A. A. Vasiliev, "Les Voyageurs du Moyen Age a Constantinople", dans cet ouvrage: Melanges Charles Diehl, Paris 1930, I,page. 294 vd.; pour sa courte biographie voir C. E. Seybold, Encyclopédie Islamique, V'2, page: 936-937; Van de vrin, Travellers, II, page: 534-537.
5- İdrisi, Geographie d'Edrisi, (Trad.. P. A. Jaubert) Paris 1836-1840, II, page: 298-299; télécopie Islamic Geography, III, Frankfurt a. M. 1992. pour sa courte biographief voir İbrahim Kafesoğlu, Encyclopédie Islamique, V-2, page: 708-711; voir également Van de Vrin, Travellers, II, page: 523-526.
6- Les Voyages d'Ibn Battoutah, (Trad. C. Defremery-B. R. Sanguinetti), Paris 1853-1858, II, page: 412 vd.; télécopie Paris 1968; Voyages, (trad. St. Yerasimos), Paris 1982; Ing. The Travels of Ibn Batuta (Çev. H. A. Gibb), London 1958,il y a beaucoup d’autres publications. Van de Vrin, Travellers II, page: 567-573. La traduction a été faite par Mehmet Şerif Paşa longtemps auparavant, Seyahatname-i İbn Battuta, İstanbul 1333, indexe, a d’autre part été publié en 1338 . Il y a également un résumé de ce livre de voyage (seyahatname), publé a la nouvelle écritur.
7- Zeki Velidi Togan, "Hamdullah Mustevfi", Encyclopédie Islamique, V'1, page: 186-188; Abdülkerim Özaydın, Hamdullah el-Müstevfi, Encyclopédie Islamique Fondation Religieuse , XV, page: 454-455; G. Le Strange (Trad.), The Geographical Part of Nuzhat al-Qulub (E:J:W: Gibb, Memorial Series, XXIII' 1 et 2, Leiden-London 1915-1919, page: 247 et 263; nouvelle télécopie, Frankfurt 1993.
8- L’ouvrage d’el-Verdi a été publié en 1206, 1324 et 1328 au Caire. Pour ce qu’il a raconté a propos d’Istanbul voir. F. Taeschner, "Der Bericht des arabischen Geographen İbn al-Wardi über Konstantinopel", Beitrage zur historischen Geographie, Kulturgeographie, Etnographie und Kartogeographic vornehmlich des Orients-Festschrift E. Oberhummer, Leipzig-Wien 1929, page 84 vd., "Ein altosmanischer Bericht über das vorosmanische Konstantinopel" Annali del R. Istituto Superiore Orientale di Napoli, nouvelle serie I (Roma 1940) page: 181-189. voir également Van de Vrin, Travellers, II, page: